Retour à la page d'accueil Histoire de la famille LUSTMAN Histoire de la famille BURY Ydel BURY L'après-guerre Les lettres et les papiers

... MOTSE BURY

Motse et Sarah se sont mariés le 10 mars 1925 à Baranow.

A Baranow, il n'y avait pas de travail. Motse et sa soeur Léa allaient travailler à Varsovie chaque semaine. Ils y vivaient dans des conditions plus que modestes. Ils retournaient au village aux moments des fêtes juives.Motse retrouvait sa femme qui vivait avec sa belle-mère, Rosa.

Un jour, Léa et Motzé ont décidé de venir en France tous les deux. Mais il leurs fallait de l'argent. Ils ont vendu leurs parts d'héritage à leur frère aîné, Ydel, le père de Nathan et ils sont venus en France.

Motse et Léa sont partis de Baranow, en 1928, a priori le 2 avril 1928. Dés qu'ils arrivent, ils reçoivent un avis d'expulsion à la suite duquel ils partent en Belgique. Motse revient en France en mai 1929.


A compter du 18 décembre 1930 jusqu'au 8 juin 1931, il demeure à PARIS au 14 rue Bisson.

1933

Puis, Sarah et Simon et Régine, restés à Baranow ,le rejoignent à PARIS en juin 1933. Il demeurent désormais réunis au 27, rue Lesage. Quelques photos datent de cette époque:

Motzek et Sarah

Régine rencontre son père pour la première fois alors qu'elle a trois ans et demi.

A PARIS, Motse est tailleur à façon ainsi qu'il ressort de son extrait du registre d'immatriculation enregistré auprès de la Préfecture de police en date du 4 janvier 1933.

Ménacha arrive en mai 1935.

Motsé et Sarah avec Simon, Régine et Ménacha

Motsé et Sarah avec Simon, Régine et Ménacha sur les bords de l'Yvette (Bures-Sur-Yvette).

Simon, Régine et Michel

Sur la photo qui suit, la robe que Régine porte avait été envoyée par Golda en Pologne.

Motsé et Sarah avec Simon, Régine et Ménacha Simon, Régine et Michel Menacha à BURE SUR YVETTE

1940

Motse reçoit une lettre du Consulat général de Pologne lui demandant de se présenter le 14 juin 1940 pour déterminer son aptitude physique au service militaire dans l'armée polonaise en France.

1941

Le 13 mai 1941, comme plus de 3 400 juifs parisiens ( suivant décompte de Serge KLARSFELD - APP 29-30, rapport de la préfecture de police, 14 mai 1941), Motse BURY reçoit une convocation. Il doit se présenter à la Caserne des Tourelles, boulevard Mortier à la porte des Lilas. Cette convocation lui est remise en main propre, dans la soirée, par un policier français lui donnant injonction de se présenter le lendemain matin, 14 mai, pour " examen de votre situation ""accompagné d'une personne de la famille ou d'un ami".

Comme dans la très grande majorité, persuadé qu’'il s’'agit d'’une simple formalité, Motse se rend à la caserne dès 7 heures, comme il le lui a été demandé. Il est accompagné de son fils Simon. Il est alors retenu. Simon doit retourner à la maison chercher une valise de vêtements et de nourriture pour une journée, ainsi qu'on le lui a précisé à la caserne.

La majorité des personnes convoquées était constituée par des réfugiés des pays d’Europe Centrale qui avaient fuit les pogroms et qui étaient installés en France depuis quinze ou vingt ans. 3800 hommes répondirent à la convocation. Après confiscation de leurs pièces d’identité, ils furent immédiatement arrêtés, emmenés en bus à la gare d'Austerlitz et de là convoyés à Pithiviers et à Beaune-la-Rolande pour y être internés (environ 1900 hommes dans chacun de ces deux camps).Motse s'est rendu à la Caserne et il n'en est pas revenu, pris au piège de ce qui fut dénommé "la rafle du billet vert" première rafle à l'encontre des juifs.

Motsé est resté dans la légalité car il avait confiance dans l'Etat français.


Le rapport de la préfecture de police rédigé, le jour même, soit le 14 mai, pour rendre compte des déroulements des rafles pécise que "les opérations n'ont donné lieu à aucun incident."

Motse est envoyé à BAUNE-LA-ROLANDE, baraque n°5. Sarah et ses enfants lui ont rendu visite à deux reprises. La première fois, ils n'eurent pas le droit de rentrer dans le camp.

La seconde fois, ils sont rentrés dans le camp.

Moyshe à gauche Au dos de cette photo, il est écrit à la date du 17 avril 1942:

Les lettres rédigées en yddish étaient interdites.


La deuxième photo vient de l'épouse de l'un de ces hommes. Bien des années plus tard, elle rencontre Simon et la lui donne.

Motse avait été enregistré à BAUNE-LA-ROLANDE en tant que "ancien combattant de la guerre contre les bolcheviques 1919/1921" ainsi qu'il résulte du fichier qui suit. Ce document a été découvert et photographié par Nathalie Osterreicher.

1942

Puis, Motse est envoyé à Compiègne, au camp C "Bloc C2".Le 22 mai 1942, il envoie un billet à sa famille:


.

Motse BURY a été déporté avec 130 internés par le 2ème convoi( cf livre de Serge Klarsfeld) partant de Beaune La Rolande le 8 mai 1942 pour Compiègne. A la différence de Drancy, de Beaune La Rolande et de Pithiviers, ce camp relève de la Wehrmacht et de la Gestapo. C'est donc la Wehrmacht seule, qui en assure la garde. Le premier convoi fut organisé avec des voitures de voyageurs. Mais dès le deuxième convoi, les voitures de voyageurs laissèrent place à des wagons de marchandises. De là, il est envoyé le 5 juin 1942 à Auschwitz où il est arrivé le 7 juin 1942. Ce convoi n°2 du 5 juin 1942 était constitué de 1000 hommes transférés des camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers et également des hommes qui furent envoyés de Drancy à Compiègne.

Ils ont été déportés comme otages Juifs.


Il en restera 32 survivants à la Libération.

Le 12 ou 13 juin 1942, Sarah trouve dans sa boite à lettres un billet provenant de Compiègne. Préimprimé quasi-intégralement en allemand, ce qui lui donne un caractère juste administratif, il est complété de quelques mentions tapées à la machine à propos de son mari "le détenu juif BURY Moszek". Ce billet daté du 10 juin lui indique : "Sur ordre supérieur, le détenu juif sus visé a été transféré à l'est par transport hier. Le lieu de destination n'a pas été connu en sorte que vos lettres ultérieures resteront en attente". Il est assorti d'une signature au dessus d'un titre"Capitaine et A.O."


.

Il semblerait bien que ce billet qui était adressé spécifiquement aux familles des personnes emprisonnées à Compiègne soit l'une des expressions du plan "Nuit et brouillard" mis en place par les allemands "Nacht und Nebel ou NN" contre tous leurs opposants.

C'est à Wagner que les nazis empruntent la terminologie de « Nuit et Brouillard » : dans L'Or du Rhin, Alberich, coiffé du casque magique se change en colonne de fumée tandis qu'il chante « Nuit et brouillard, je disparais ». Pour l'extrême droite allemande au pouvoir, il ne s'agit nullement de disparaître mais de faire disparaître sans laisser de traces.

Sarah et ses enfants demeurent au 27 rue Lesage. Léa qui se trouve aussi à PARIS est mariée avec Schimme Hennik. Léa et Shimma habitent au 51, rue Piat, au rez de chaussée. Shimmé a un atelier 51 bis, rue Piat, au dernier étage. Le propriétaire de l'immeuble est Monsieur Constant. En bas, il y avait le garage. Au dessus, se trouvaient les ateliers dont celui de Schimme.

.

Dans les moments de dangers, tout le monde se réfugie dans l'atelier. Marie est également près de sa soeur Léa, elle a Charles, né en Belgique et elle est enceinte d'Armand.

Le 13 juillet 1942, il y a une rumeur de rafle pour le lendemain. Le copain de Simon, Jacques ASSIMOR a parié 10 francs que non. Sarah va avec ses trois enfants passer la nuit chez les voisins, il y a Bronche, Mesdames Rosencrantz et Silovitch. Mais les fenêtres ne donnent pas sur la rue. BRONCHE va chez elle et elle voit les cars de police. Personne ne dort. A 5 heures du matin, la rafle a bien lieu. Jacques ASSIMOR et sa belle_mère sont pris.Régine est partie de la rue Lesage à la rue Piat pour voir si tout allait bien pour Léa et Marie.

Les WIETRASHNY qui logeaient au premier étage de la rue Lesage ont été déportés ( la femme et ses deux enfants).

Léa, cachée au 51 bis rue Piat est attrapée et déportée. Les inspecteurs de police n'ont pas pris Marie car elle est avec un bébé, Armand. Léa HENNIK a été déportée à Auschwitz.

Par la suite, Sarah se cache avec ses enfants Simon, Régine et Ménacha et la tante Régine à Bures-Sur-Yvette, lieu où elle passait auparavant quelques jours de vacances avec Motze. Elles y connaissaient des gens. Elle demeure chez Madame CASSAGNE qui leur louait des chambres. Elle est partie là bas dans l'urgence sans bagages. Ménacha n'a plus de chaussures.

le lendemain Simon part se baigner dans l'Yvette car il faisait très chaud. Lorsqu'il arrive,Simon trouve sa mère dans tous ses états. Elle vient de recevoir la visite de deux gendarmes qui lui disent de repartir chez elle avant 6 heures du soir. Simon part avec sa Tante Régine chez Monsieur ROUSSET qui a un hôtel, 1 rue Jules Vernes dans cette même commune. Ils lui relatent la situation. Il leur propose de venir chez lui "chez moi,vous serez tranquille". Ils sont restés chez lui jusqu'à la libération.

A 12 ans, Régine passait inaperçue. Elle fait les allées retours nécessaires pour les courses et va à Paris rechercher des nouvelles de son père.

Simon fait différents travaux pendant la guerre.

L'appartement situé au 2ème étage du 27 rue Lesage est scellé. Un jour, Régine et Simon s'y rendent pour ramener des affaires à Bures-Sur-Yvette. Mais la voisine, Madame CASSADAR a entendu du bruit.Elle demande au concierge d'aller chercher la police. Lorsque le concierge se rend compte qu'il s'agit de Simon et Régine, il est trop tard.Il les prévient aussitôt et les deux enfants se sauvent et prennent le métro. Régine est pâle comme un linge, un homme qui la voit ainsi lui cède sa place dans le métro.

Régine et Ménacha partent pour la Mayenne cachés, chacun dans une famille.

Simon reste auprès de sa mère et part à PARIS chercher un travail. Il en trouve dans la fourrure. Il a 15 ans et demi. "- Quel âge avez-vous?" "- 17 ans." "- Vous faîtes jeune!" On l'embauche tout de même. Il prend le train tous les matins, ligne de SCEAU, et se rend à PARIS pour travailler après avoir enlevé son étoile jaune. Puis en 1943, Paris devient trop dangereuse. Il reste à BURES SUR YVETTE et essaie de trouver du travail sur place.

1943

Bûcheron pendant deux mois, Simon est harassé de fatigue.Il travaille alors chez des paysans. Il cueille des petits pois et des haricots. Le soir, il a droit à un litre de lait. Il a également le droit d'acheter des légumes de la récolte. Simon achetait donc 20 kg et il en revendait aux parisiens qui venaient régulièrement et qui ne trouvait pas vendeurs parmi les paysans.

La photo ci-dessous a été prise dans le jardin de l'hôtel de Monsieur ROUSSET.

Par l'intermédiaires des soeurs protestantes, Régine et Ménacha partent dans la Mayenne, cachés chacun dans une famille.

Régine (grande fille) à gauche Landevie (Mayenne) Menacha est caché depuis 1942 jusqu'après la libération

Sur la photo de gauche, Régine est à gauche, en noire, et tient un panier à grains dans les mains. Sur la photo de droite, Menacha porte le costume que lui a confectionné son père depuis le camps de Beaune La Rolande

1944

Menacha reste caché à Saint-Hellier du Maine jusqu'à la Libération. Il va à l'école et voit peu sa soeur qui se trouve dans une autre ferme à LANDIVY, à quelques kilomètres de lui.

1945

1959

La carte délivrée mentionne Sustman au lieu de Lustman.

1965

Simon s'est rendu bien plus tard, à Bures-Sur-Yvette à la recherche de Monsieur ROUSSET, notamment pour qu'il lui soit remis le titre de Juste parmi les nations. Mais personne n'a pu lui donner de ses nouvelles.

1987

Par arrêté du secrétaire d'Etat aux anciens combattants en date du 30 septembre 1987, il est décidé d'apposer la mention « Mort en déportation » sur les actes ou jugements déclaratifs de décès de Motse BURY, en date du 3 novembre 1987 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE page 12841.

United States - Holocaust Memorial Museum

1995

Simon se rend à Auschwitz en commémoration de la 50ème année. Il apprend que son père y est décédé le 10 août 1942. Il y récupère l'acte de décès de son père, moyennant un billet.

Un site à la mémoire